Poème d'amour kaninuwa
Kanukanunu kana kafa kita
Kanukanunu kana kafakita sinenei
Yaku kafabwadubwadu dewabauna
Atu kuna venu dibwana kafabwadubwadu mokena i movamova
Nofe “yaku nuwababubu" kana kafanusafu!


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Concernant cette traduction
Concernant cette traduction, Ralph Waiyalaka dont le kaninuwa est la langue maternelle, me signale qu'en kaninuwa il n'y a pas de mot pour dire glace (miroir).
En effet, le concept du miroir était étranger à son peuple, et n'est arrivé qu'avec les colonisateurs. Il a donc traduit le titre du poème par "Kanukanunu kana kafa kita", ce qu'on pourrait traduire par "visionneuses d'images" ou "interprète d'images".
Il me signale aussi qu'au lieu du mot "Kanukanunu" on pourrait aussi utiliser le mot "Mayamayau". "Kanukanunu" qui signifie "image - ombre" peut être utiliser pour désigner un miroir, de même le mot "Mayamayau" qui signifie "image - fantôme", aurait pu faire l'affaire pour désigner une image dans un miroir.
Il n'existe pas non plus de mot pour "poème". Néanmoins, son concept est similaire à l'idée donnée par "kwakwanebu", qui signifie littéralement légende ou session de narration. Le mot "bwadubwadu" signifie parler ou séance de parole. "Vika bwadubwadu" peut signifier une session de discours ou d'arguments forts. Il a donc choisi "bwadubwadu" pour l'assimiler à poème, car bwadubwadu signifiant parler ou dire, était le mot le plus adapté.
L'anglicisme "Wataluma" que l'on retrouve souvent pour désigner la langue et la zone géographique, devrait en fait être plutôt orthographié "Watuluma". De fait il provient du mot "Vatunuma" pour faire référence à une grotte qui est maintenant profondément enfouie dans les eaux de la crique du lagon.
Le kaninuwa
Voici mon petit poème d'amour traduit en kaninuwa (watuluma, wataluma, kaokao), une langue malayo-polynésienne, de la pointe papoue en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), parlée par les Kaninuwa, très exactement dans la province de Milne Bay, au nord de l'île Goodenough au sud de Wataluma.
Pour être encore plus précis, la langue kaninuwa est parlée dans cinq villages Sivesive, Kikwanauta, Dayakokona, Osuwe et Kakaweyai.
Le kaninuwa a une relative proximité avec le kiriwinan, une langue des îles Trobriand, ainsi qu'avec le dobu, une autre langue de l'île de Goodenough.
De fait, la langue dobu est une langue étrangère importante pour le commerce, et à l'époque des missionnaires dans les années 1 800, elle est devenue la langue politique, missionnaire et commerciale. La bible et les hymnes étaient en Dobu jusqu'à ce que le Bwaidoga le remplace.
Avec le travail du Summer Institute of Linguistics (SIL) la bible est maintenant écrite ou plutôt le livre de Jean dans la bible est écrit, avec un travail qui continue pour interpréter toute la bible en Kaninuwa.
Il faut aussi noter que la langue souvent utilisée comme lingua franca sur l'île de Goodenough est le Bwaidoka, et comme pour les autres langues de Goodenough, le kaninuwa partage avec le Bwaidoka de nombreux mots.
Le kaninuwa compte moins de 400 locuteurs, dont moins de 40 d'entre-eux sont monolingues. Avec un si petit nombre de gens à le parler, on peut bien évidemment dire que le kaninuwa fait partie des langues en danger.
Malgré un vrai danger pour cette langue, le kaninuwa reste pour l'instant vivant grâce à son peuple, qui même en petit nombre, est fier de ses racines (langue et culture), et s'attache à leur maintien.
Bon nombre des Kaninuwa, même les aînés, savent lire et écrire, et dans leurs villages l'enseignement est fait dans la langue.
Si l'on en croit leur dires, les Kaninuwa seraient originaire de Gauyaba, à l'est de Goodenough, du côté de Bolubolu. Ils ont d'abord été vers Bwaidoka puis vers Watuluma. Ils se sont toujours considérés comme un groupe distinct qui ne s'est jamais mélangé avec d'autres.
Aujourd'hui ils continuent de perpétuer leurs traditions à travers des réunions où ils chantent, dansent et festoient.